« Wannius Snijladam » troubadour de la côte Ouest, nous a emmenés grâce à son impressionnante histoire personnelle par-delà les bois et les villages de Belgique, à travers des sites remarquables et des personnages surprenants. Et bien sûr, il en a également ramené quelques souvenirs sous forme de dégustations.
Ce fut une soirée pleine de gobelins, de loups, de trolls, de pirates, de géants et … une joyeuse bande de dégustateurs de bière.
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Les folles aventures de Wannius Snijladam
(Ndlr : les termes en gras désignant les marques de bières dégustées au cours de la soirée, celles-ci sont maintenues telles quelles dans le texte, avec la traduction entre parenthèses.)
Il était une fois un Troubadour, Wannius Snijladam, qui habitait à la Westkust (Ndlr : Côte Ouest) et souhaitait se la couler plus douce après ses nombreuses conquâtes tout autour du globe. Wannius se chercha un hobby et alla pour ce faire demander conseil à son ami Pierre, qui avait été Piraat (Ndlr : Pirate) de par le passé. C’est la raison pour laquelle tout le monde l’appelait Pierre le Pirate. Ils se donnèrent rendez-vous au café du coin bien nommé le “J’ai soif”. Le café était plein à craquer et Wannius scrutait tout autour de lui. Dans un coin sombre, il aperçut vite son ami Pierre. On ne pouvait pas le rater. Pierre ne s’était jamais séparé de son costume typique de Pirate, avait toujours son perroquet sur l’épaule gauche, et son cache qu’il portait fièrement (mais dont il n’avait en fait pas besoin). Sa jambe de bois était faite d’un morceau d’épave provenant de l’Océan calme.
Wannius se dirigea vers sa table. Il sentit immédiatement une forte odeur d’alcool. Pierre avait aussi l’habitude après s’être lavé de s’asperger sous les bras une Pils bon marché d’un magasin encore meilleur marché. Bien moins cher que tous ces flacons de ces magasins de luxe, pensait-il.
Wannius commanda, pour lui et pour son ami Pierre, une chope de bière de froment. Esméralda, une ancienne actrice de série-B (les films n’existaient pas encore), dotée d’une remarquable poitrine, remplit les chopes avec plaisir et les déposa sur la table avec un regard ravageur. Wannius fit rapidement comprendre à Esméralda qu’il n’avait pas de temps à perdre avec ses avances, il avait quelque chose de plus important à discuter avec son ami. « Pierre, je cherche un hobby et compte sur ton aide », dit Wannius. Le pirate regarda Wannius d’un oeuil (il portait d’ailleurs son cache-oeuil), se caressa un temps sa longue barbe grise et commença à marmonner. Un hobby! Qu’est ce qui pourrait encore captiver un ancien troubadour, qui a voyagé sur pratiquement la moitié du globe terrestre ? Le macramé, jardiner, mouler des urinoirs en plâtre ! Non, aucune idée ne lui vint immédiatement !
Ce fut au tour de Pierre de commander. Cette-fois, ils commandèrent deux chopes de bière foncée et c’est comme si Wannius se réveilla en sursaut. Je sais, je vais brasser de la bière, s’écria-t-il. Pierre le Pirate le regarda profondément et eu ce sourire bienheureux sur son visage. Pas mauvaise idée, si Wannius se met à brasser de la bière, j’aurai toujours quelque chose à boire. Fantastique idée, dit Pierre, mais alors il te faudra brasser la meilleure bière au monde et ce n’est pas simple. J’ai ramené une recette de brassage de l’un de mes lointains voyages et je l’ai toujours avec moi. Pierre prit un étui en cuir dans une cavité de sa jambe de bois et en sortit un parchemin jauni. Avec sa voix rugissante il commença à lire ! chut, s’écria Wannius! Tout de suite, tout le monde dans cet établissement pourra brasser la meilleure bière. Pierre continua en chuchotant. Pour brasser la meilleure bière, il faut les meilleurs ingrédients et le meilleur matériel. L’eau pour brasser doit venir du puit d’un Château wallon. Pendant l’empâtage, ajoute l’éternuement d’un Trol et une morve de Kabouter (Ndt : lutin). Comme épice, prend l’ongle du pouce moulu d’un Reuss (Ndt : Géant), comme fourquet utilise le trident de Belzebuth, le moût doit être dilué avec une mèche de cheveux d’une Heks (Ndt : Sorcière) flamande et un poil pubien d’une sorcière wallonne. Et tu maintiendras la cuve de fermentation à température avec la peau d’un Wolf (Ndt : loup).
Wannius soupira. Eh bien, cela ne sera pas facile. Il voulut commencer le plus rapidement possible et se leva. Doucement, dit Pierre le Pirate, nous allons d’abord déguster quelque chose n’est-ce-pas !
(C’est maintenant que fut servie la dégustation n°1)
Le matin suivant Wannius se mit en route, avec un bâton de bois et le document de brassage en main. Il se promena lentement à travers le paysage vallonée, perdu loin dans ses pensées. Après quelques jours de marche, il arriva dans une magnifique vallée entre les monts boisés. Un lac avec une eau claire brilla au soleil matinal. Il décida de s’y arrêter. Il profita du calme, mais celui-ci fut soudainement interrompu par un bruit étrange. « Achouffe ! Achouffe ! » résonna des buissons. Wannius sursauta, fouilla dans les fourrés et se retrouva subitement avec un petit lutin dans les mains. « Qui es-tu? », demanda Wannius surpris. Le lutin commença à raconter « Je n’ai pas de nom, mais je vis ici depuis des siècles avec ma tribu de lutins dans cette merveilleuse vallée. Nous l’appelons la Vallée des Fées. Nous n’avons jamais eu de problème mais depuis peu toute notre tribu est touchée par un énorme rhume, et nous n’arrivons pas à en être quittes. Nous devons constamment éternuer €“ Achouffe! €“ et notre nez coule. »
Wannius eut une idée. Il accompagna le lutin dans sa tribu et distribua des mouchoirs en papier, qu’il ramena de l’une de ses pérégrinations à Dworpius, où les habitants expérimentèrent avec un moulin à papier. Les lutins commencèrent à se moucher le nez, pendant que Wannius prépara une tisane. Après avoir bu cette tisane ils se sentirent déjà mieux et organisèrent une grande fête. En souvenir de Wannius qui les guérit de leur rhume, ils décidèrent d’organiser cette fête chaque année et de la nommer l’A! Choufferie (du nom de leur fameux éternuement). Le lendemain, au lever du jour, alors que les lutins dormaient encore, Wannius ramassa les mouchoirs éparpillés et disparu ayant en tête d’avoir suffisamment récolté d’éternuement de lutin pour différents brassins. Le premier ingrédient était récolté.
(Il est temps pour la dégustation n°2 !)
Alors qu’il quitta le bois un peu plus loin, il vit au loin sur la colline un merveilleux château. Il y trouverait certainement un puit au milieu de la cour. Et le châtelain ne refuserait certainement pas à un Troubadour en voyage d’y remplir sa gourde. Alors qu’il approcha de l’immense porte du château, un rugissement assourdissant l’effraya. Le château était gardé par un Gulden Draak (Ndt : Dragon doré). Il se dirigea vers le village le plus proche afin de demander plus d’explications. Il y apprit que l’habitant du château n’était autre que le diable en personne, nommé Belzebuth. Il était venu y habiter car les terrains à bâtir en enfer étaient devenus hors de prix suite à la surpopulation. Il avait pu acquérir ce château wallon pour une bouchée de pain. Et pour maintenir le fisc à distance, il faisait garder son domaine par un dragon doré. Wannius ne sut pas immédiatement quoi faire. Il décida de se montrer sous son meilleur jour et se dirigea vers le dragon. « Dragon » demanda-t-il gentiment, «pourriez-vous si cela vous plait, éventuellement me donner l’accès à ce merveilleux château ? J’apprécie particulièrement les bâtiments historiques et l’héritage culturel ». Le dragon le regarda stupéfait, fit un pas de côté et lui ouvrit la porte. Eh oui, pensa Wannius, il arrive quelque fois qu’on atteigne son but avec de la politesse.
Il passa la porte en sifflant, en direction d’un énorme puit au milieu de la cour intérieure. Encore quelques pas et il pourrait remplir sa gourde avec l’eau du puit et ainsi obtenir son deuxième ingrédient. Mais ce fut sans compter sur Belzebuth. Soudain ses pas furent interrompus par un horrible personnage. Un visage avec des yeux rouges foncés, deux cornes et deux pattes de bouc, une longue queue et un trident dans la main gauche, qui lui demanda d’une voix sifflante « Que fais-tu dans mon château ? »
Après s’être remis de ses émotions, Wannius raconta à Belzebuth qu’il avait entendu que des milliers de pièces en or se trouvaient au fond du puit. Ce qui lui valut immédiatement toute l’attention du diable. Etant donné que le puit était assez profond, le diable proposa de travailler ensemble. Il déposa son trident contre le rebord du puit, et s’y pencha. Si tu t’accroches à mes pieds, tu toucheras peut-être le fond du puit et tu pourras atteindre les pièces en or lui dit le diable. En voyant le diable pendre ainsi, Wannius eut une autre idée! il chatouilla le diable sous les bras pour le faire lâcher prise. Il récolta dans sa gourde l’eau qui s’éclaboussa lors de la chute du diable dans le puit et ne dû plus que ramasser le trident. Riche de l’eau comme ingrédient supplémentaire €“ qu’il décida de nommer Cuvée du Château €“ et d’un fourquet, Wannius sortit en sifflotant par la porte, salua gentiment le Dragon doré, et décida d’aller en boire une à son succès. Et nous avons bu avec lui !
(! la 3ème dégustation.)
Alors qu’il poursuivit son chemin l’après-midi suivant, avec la gueule de bois, il remarqua que le paysage prenait petit à petit une autre forme. La terre était recouverte de bruyères pourpres et le paysage était aride. Tout d’un coup, il arriva près d’une maisonnette isolée et d’un bouleau. Lorsqu’il frappa à la porte pour demander un Dafalgan, une chevrette lui ouvrit. Entrez dit la chevrette, j’habite avec mes six sÅ“urs dans cette maison calme. Wannius entra et fut agréablement surpris. La maison était confortable et propre, le feu ouvert brûlait chaleureusement et une odeur intense et chaude de carbonnades à la gueuze venait de la cuisine. Wannius fut invité à diner, ce qu’il accepta avec gourmandise. Les chevrettes racontèrent combien elles étaient heureuses, mais ! qu’elles avaient connus d’autres époques. Elles ont autrefois rencontré un Wolf (Ndt : loup) qui voulait les manger. Heureusement tout ceci s’est bien terminé, le récit avait été noté dans un cahier Atoma par l’oncle Grimm, et le loup était mort. Sa peau était utilisée comme tapis pour faire du yoga devant le feu ouvert. Wannius avala un morceau de carbonnades, tourna son regard vers le feu ouvert et découvrit la peau de loup. Il devait l’obtenir. Il proposa de jouer à cache-cache avec les petites chevrettes. Elles acceptèrent avec enthousiasme. Wannius se posta devant la haute pendule, ferma les yeux et commença à compter. Les chevrettes gloussèrent, elles connaissaient tellement bien leur maisonnette que leur hôte inattendu ne les trouverait certainement pas. Lorsque toutes les chevrettes furent cachées, Wannius se retourna, ouvrit évidemment les yeux, se dirigea vers le feu ouvert et s’arracha avec la peau du loup. Satisfait, il s’avança dans la nuit noire. Les chevrettes furent retrouvées quelques dizaines d’années plus tard, lors de la démolition de la maisonnette pour faire place à un immeuble à appartements. Et elles avaient gagné évidemment !
Wannius eut entretemps « passé la nuit » et arriva au matin à Ellezelles. À la croisée des chemins, il demanda à Hercules, le fou du village, où il pourrait déjeuner. Celui-ci lui indiqua sans hésiter la Brasserie des Légendes, une auberge où vous pouvez parier le soir, faire l’amour la nuit et déjeuner le matin. Lorsqu’il ouvrit la porte, il fut envahi par une odeur de bière éventée, de sueur et d’autres témoins de la vie nocturne. Il ne déjeunerait certainement pas ici, mais décida tout de même de boire quelque chose. La blonde locale lui plût tellement qu’il ne pût s’arrêter.
(Nous dégustons avec lui la bière n°4.)
Wannius commanda une bière après l’autre, « mon dieu » que c’est bon ! L’aubergiste était aussi de plus en plus belle. Après chaque commande, ses formes s’arrondissaient, ses cheveux s’allongeaient, et il ne fallut pas longtemps pour que Wannius la rejoigne au lit. Faire l’amour n’était plus vraiment à l’ordre du jour et ils tombèrent tous deux rapidement comme des souches. Lorsque Wannius ouvrit les yeux tard dans l’après-midi, il ne put s’empêcher de jurer. Une femme hideuse était couchée près de lui. Il se leva brusquement, s’habilla et s’encourut hors du village. De longues minutes plus tard, il s’arrêta. Quelle horrible expérience. Lorsque soudain son Å“il se posa sur son côté gauche. Un poil pubien de sa récente aventure. Il décida qu’il s’agissait bien d’une sorcière wallonne, et ses pensées furent à nouveau plus joyeuses. Inconsciemment, il obtint un ingrédient supplémentaire. Les jambes lourdes et avec la gueule de bois, il poursuivit sa route. Jusqu’à ce que son attention fut attirée par une jeune demoiselle avec un chaperon rouge et un panier à pique-nique à la main. La curiosité de Wannius fut piquée au vif, et il se dirigea vers elle. La fillette lui raconta qu’elle était en route pour rendre visite à sa grand’mère qui était souffrante. Elle irait nettoyer la maison, laver les carreaux, nettoyer la cheminée, etc. Wannius resta suspendu à ses lèvres rouge vif. Il pensait tristement à la recette de brassage ; pourquoi le moût devait-il être dilué à l’aide d’un poil pubien d’une sorcière wallonne et non avec ceux de cette jolie fille au chaperon rouge ? Lorsqu’elle eut terminé son histoire, elle poursuivit sa route. Wannius lui demanda toutefois : « Mais comment t’appelles-tu ? » « Blanche-Neige » pouffa-t-elle timidement! et elle lui remit sa carte de visite. Drôle de nom, pensa Wannius, je l’aurais plutôt appelée Cendrillon (elle allait quand même nettoyer les cendres chez sa grand-mère).
Lors de son périple, il ne pouvait s’empêcher de penser à Blanche-Neige (ou était-ce au Petit Chaperon Rouge, ou Cendrillon ?). Il scruta la carte de visite légèrement parfumée. Eh, mais elle habite à Laarne. Wannius connaissait ce village par hasard. Il était d’ailleurs ami avec Anatole, l’employé du magnifique château de Laarne, près de Gand. Il poursuivit sa route à vive allure, et lorsqu’il arriva aux portes de la commune de Laarne, il en aperçu le slogan : Laarne! Commune aux jolies filles. Et effectivement, l’allée majestueuse vers le centre-ville était jalonnée de jolies filles. Des demoiselles à la chevelure rousse, brune ou noire s’affairaient à leurs tâches quotidiennes. Cela ressemblait aux K3 à Plopsaland. Bien luné, il s’avança vers l’église. Ses yeux regardaient à gauche et à droite! Wow, comment se fait-il qu’il n’y ait que des jolies filles ici ? Il décida d’enquêter et pris rendez-vous au guichet du service population. Il se fit entendre que depuis une dizaine d’année les filles et les dames du village sont de plus en plus jolies, mais que la raison en est inconnue. La gracieuse guichetière lui murmura « et la plus belle est la dame Oréal, qui vit juste à la frontière et s’occupe du mélange d’épices. Elle a même un petit magasin L’Oréal ! » Selon la description, il devait bien s’agir d’une sorcière flamande, et Wannius décida de se rendre au magasin concerné.
La dame Oréal en personne l’accueillit. Wannius avait rarement vu une fille aussi jolie, cela ressemblait bien à une chose irréelle et Photoshopée. Il se devait d’obtenir une mèche de cheveux de cette demoiselle flamande. Et non seulement pour brasser sa bière, mais également comme souvenir.
« Dame », dit Wannius, « j’ai rarement vu une telle beauté, le tableau est parfait ». Le visage d’Oréal rougit. « Mais » poursuivit Wannius, « lors de mes voyages en tant que troubadour, je suis en contact avec les dernières nouveautés en matière de mode. Et votre coiffure est quand même dépassée. À la capitale Broekzele, les dames ont le cheveu court, combiné avec une broche dans l’oreille. » Dame Oréal hésita, mais en vain s’écria : « Je le vaux bien ! » Wannius sourit et prit dans son sac sa tondeuse, faite de fanons de baleines, et commença goulument à tondre sa chevelure. Il récupéra les boucles luxuriantes dans un sac récupérable du GB (un magasin anversois qui s’appelle €˜Goedkope Brol’ (Ndt : De tout, bon marché) mais que les clients s’entêtent à raccourcir en GB). Lorsque Dame Oréal vit le résultat dans le miroir, elle entra dans une telle colère et commença une tirade d’insultes. Petit à petit, sa belle apparence se transforma et sa forme réelle prit le dessus. Son nez s’agrandit, une verrue poussa rapidement, sa peau devint terne et grise. Wannius fut d’autant plus heureux, car il sut avec certitude qu’il s’agissait bien d’une sorcière flamande, et il avait un sac plein de ses boucles de cheveux. Dame Oréal était tellement furieuse de ne plus être la plus belle, qu’elle ensorcela toutes les dames du village. En un instant toute la population féminine se transforma de superbe en hideuse. Oréal alla plus loin et leur donna en plus un accent bizarre. C’est depuis ce jour qu’ils parlent si bizarrement à Gand et alentours !!! Wannius ne s’en fit pas trop et commanda auprès de la serveuse du café du village, devenue affreuse, une bière locale, la Toverhekske. (Ndt : Sorcière magicienne)
(Était-ce aussi notre 5ème dégustation ?)
Et ainsi se poursuivit notre soirée ! Et Wannius Snijladam, troubadour de la côte ouest, s’en alla plus loin. Il rencontra ensuite un Reuss (Ndt : géant), avec un Petit Poucet!
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